Les Légumes feuilles

L’artichaut: des têtes bien pleines !

Plante vivace imposante originaire du bassin méditerranéen, l’artichaut (Cynara scolymus) a besoin d’espace, pas moins de 2 m². Grand classique du jardin vivrier, ce représentant de la famille des Astéracées est cultivé depuis longtemps en France, où son introduction remonterait à la Renaissance, sous l’impulsion d’une certaine Catherine de Médicis. Découvrez des conseils exhaustifs pour sa culture et son entretien  !

L’artichaut est une grande plante vivace

Plante vivace dressée d’environ 1,50 mètre de hauteur, à l’aspect robuste, l’artichaut produit depuis la base une rosette de grandes et longues feuilles, d’une élégante couleur vert-gris. Tomenteuses sur le revers, ces feuilles ne sont pas épineuses, à la différence du cardon, son cousin plus sauvage.

Ce sont les têtes de fleurs en formation que l’on consomme, que l’on appelle des capitules chez les Astéracées. D’un beau vert amande ou plus sombre, pourpre et violet, le gros capitule de l’artichaut se compose de bractées ovales à base charnue (côté cuisine, ce sont les « feuilles » de l’artichaut) et d’un réceptacle tout aussi charnu (le réputé « fond » d’artichaut). Ces inflorescences sont au moins aussi décoratives que le feuillage profondément découpé de cette vivace imposante.

quand rabattre les artichauts
L’artichaut est une plante vivace imposante: chaque pied nécessite au moins 2 m².  ©Jardipartage

Quand semer l’artichaut ?

Les semis d’artichaut peuvent s’effectuer dès février, au chaud, dans des caissettes de poissonniers, des barquettes, en godet ou même dans des pots en terre cuite remplis d’un terreau léger. Comptez cependant deux ans pour qu’un artichaut issu de semis produise ses premières têtes.

Ce semis est très facile à réaliser. Enterrez peu profond 1 à 3 graines en fonction des dimensions du contenant. Humidifiez puis placez les contenants à l’intérieur ou sous un châssis monté en couche chaude.  Dans ce milieu favorable, les graines lèvent approximativement en une semaine.

Éclaircissez ensuite rapidement les plants pour n’en garder qu’un par pot. Les autres peuvent être repiqués dans de grands godets. Installez-les définitivement au potager à partir de la fin avril ou en mai , en leur offrant un espace à la hauteur de leurs exigences (1 mètre de distance entre eux).

Des semis aléatoires : Le semis de l’artichaut ne produit pas toujours un sujet rigoureusement identique au pied-mère, les plantes obtenues sont en effet parfois épineuses. Exception faite des variétés hybrides, seule la division des artichauts, à partir des œilletons, permet de conserver fidèlement les caractères de la plante-mère.

Les artichauts produits à partir de rejetons (œilletons) sont également plus rapides à produire ; on récolte généralement une ou deux têtes dès la première année de culture. Mais c’est surtout à partir des années suivantes, quand cette vivace s’est profondément ancrée dans le sol, que s’amorce la véritable production.

artichaut cynara scolymus
Les feuilles très découpées de l’artichaut, d’une belle teinte vert-gris, sont superbes !  ©Jardipartage

Où planter un artichaut ?

Plante exigeante, l’artichaut apprécie une exposition ensoleillée et chaude. Côté sol, cette vivace gourmande affectionne une terre riche, profonde, restant fraîche toute la belle-saison mais bien drainée en hiver. Dans les sols lourds et humides, quelques poignées de sable et de compost mûr sont indispensables pour améliorer le drainage. C’est l’une des clés de réussite de la culture de l’artichaut !

Pour produire en abondance, l’artichaut réclame suivi et soins. C’est une plante imposante, mais que vous pouvez planter à côté de nombreux légumes ayant besoin d’ombre, comme les épinards.

Comment arroser l’artichaut ?

Un arrosage de temps à autre est ainsi le bienvenu pour aider l’artichaut à développer ses élégants boutons floraux. En complément, désherbez et binez souvent pour empêcher les adventices de s’installer à leurs pieds. Nourrissez aussi très régulièrement les pieds d’artichauts, en apportant par exemple par petites touches successives de belles quantités de compost. Griffez immédiatement après la terre pour l’incorporer en douceur.

Quand rabattre les artichauts ?

Lorsque la récolte touche à sa fin, en novembre ou décembre. Rabattez alors au ras du sol les grosses tiges florales. Profitez également de ce nettoyage pour supprimer les feuilles jaunes ou desséchées, ainsi que toutes les « mauvaises herbes » qui ont réussi à s’ériger sous le couvert de l’artichaut malgré le peu de lumière partagé par ses amples feuilles.

Comment protéger l’artichaut l’hiver ?

L’artichaut craint le froid, plus encore en vieillissant, surtout les fortes gelées qui suivent de longues périodes de pluie. Afin d’accroître sa résistance, protégez la souche dès le milieu d’automne en pliant et rabattant l’ensemble des feuilles.   Buttez ensuite le plant sur une vingtaine de centimètres de hauteur en ramenant la terre tout contre le pied et paillez généreusement avec des feuilles mortes ou du mulch.

Dès le retour des beaux jours, en mars/avril, retirez la terre pour faire le tri parmi les rejets. Gardez alors seulement 3 à 4 beaux départs par pied. Profitez-en pour nettoyer une nouvelle fois le feuillage.

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Dès printemps quand les pieds sont installés depuis plusieurs années, les têtes d’artichauts sortent de la mêlée de feuilles. Ils sont presque prêts pour la récolte. ©Jardipartage

Plantation de l’artichaut

Comme l’artichaut est frileux, mieux vaut l’installer tardivement au potager, en avril ou mai, impérativement après la fin des grands froids et lorsque le sol s’est ressuyé. Quelques semaines avant cette plantation, préparez le futur emplacement en amendant avec un 1/3 de compost. Étalez aussi en surface une bonne quantité de fumier décomposé. Pour améliorer le drainage, plantez sur une légère butte.

Quand et comment récolter les têtes d’artichaut ?

L’artichaut se récolte à partir du mois de mai (la pleine saison est en juin/juillet) jusqu’aux premières gelées pour les pieds déjà en place depuis quelques années. Les jeunes artichauts ne sont pas encore véritablement en production, on peut néanmoins espérer quelques têtes bien faites lors de leur première année de culture.

On récolte impérativement les boutons floraux avant que le capitule ne s’ouvre, en conservant un bout de tige d’une dizaine de centimètres de longueur. Brisez la hampe florale d’un coup sec à la main. Inutile d’utiliser un couteau !

Si vous aimez les têtes crues, cueillez-les jeunes, lorsque le capitule, en cours de formation, ne mesure pas plus de 5 centimètres de diamètre. Si vous souhaitez au contraire les cuire, attendez encore un peu qu’ils grossissent et que leur couleur s’affirme.

Si vous ne parvenez pas à récolter à temps la tête d’artichaut, vous aurez alors plaisir à observer sa spectaculaire floraison, constituée d’une myriade de petites fleurs tubulées violettes , mais la tête n’est alors plus comestible !

Comment multiplier l’artichaut ?

Les pieds âgés produisent toujours à leur base des rejetons que l’on appelle des œilletons. Il est très facile de les récupérer ces œilletons d’artichauts en avril, à l’aide d’un louchet, pour les repiquer immédiatement ailleurs par groupes de 2 ou 3. Choisissez ceux qui présentent le plus grand nombre de feuilles, sans épines ; éliminez le reste.

En procédant ainsi, on gagne 1 an sur la culture puisque à la différence du semis, les œilletons produisent quelques capitules dès leur première année de culture.

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Les têtes d’artichaut non récoltées produisent de magnifiques fleurs violettes très appréciées des insectes butineurs. ) ©Jardipartage

L’artichaut devient épineux

L’artichaut retourne parfois à l’état sauvage, sans raison apparente, se rapprochant alors du cardon (les deux plantes étant presque similaires). Les feuilles comestibles et les tiges peuvent en effet se mettre à porter des épines, rendant leur consommation impossible et leur manipulation compliquée.

Ce problème apparaît de manière aléatoire sur des plants semés. Mieux vaut arracher la plante et la jeter directement au compost.  La multiplication par les œilletons garantit des plants identiques à la plante-mère, donc sans épine.

Les variétés d’artichauts à grosses têtes vertes

2 types d’artichauts sont classiquement cultivés :

  • Ceux à grosse tête qui se dégustent souvent cuits
  • Ceux à petite tête que l’on prépare indifféremment crus ou cuits.

Les noms des variétés rendent souvent hommage aux régions qui s’en sont fait une spécialité !

L’artichaut Camus

C’est probablement le plus connu des artichauts, avec sa tête presque ronde. La région bretonne, forte de son climat doux, lui a fait très tôt les yeux doux, à tel point qu’on le trouve souvent dénommé Camus de Bretagne. Si l’artichaut se plaît autant dans cette région, c’est que la ceinture dorée, autour de Roscoff, en Nord Bretagne, lui offre une douceur idéale associée à des sols fertiles. Ce terroir agricole unique concentre d’ailleurs à lui seule les 4/5 de la production nationale.

Macau, Laon, Vert de Provence, Green globe

Dans le reste du pays, quelques localités se sont connaître grâce à cette grande vivace.

  • C’est le cas de Macau, petit village des Landes d’où est originaire l’artichaut de Macau,
  • L’artichaut Gros vert de Laon est originaire des régions du Nord. Au cours des dernières décennies, cette variété traditionnelle s’était raréfiée au profit de la culture de l’endive et du chou-fleur, mais elle est aujourd’hui en pleine réhabilitation. Gros vert de Laon offre de belles feuilles charnues teintées de violet. Son cœur gros est tendre.
  • Le magnifique artichaut Vert de Provence résiste bien à la chaleur et offre ses têtes au mois d’août.
  • L’artichaut Gros blanc d’Hyères ressemble à celui de Macau
  • Pour d’autres artichauts, à l’image de Vert globe (ou green globe), c’est la forme et la couleur de l’inflorescence qui sont à l’origine du nom.

Les artichauts hybrides

Pyrénées, Impérial star, Lancelot, etc. Les artichauts hybrides se sèment, améliorant les rendements et qualités des variétés classiques.

Les variétés à grosses têtes violettes

On trouve dans cette catégorie des artichauts Romanesco ou, chez les hybrides, le cultivar  Améthyste.

Les variétés à petites têtes violettes

Les petits violets, que l’on trouve aussi sous les appellations Violet de Provence, Violet hâtif, bérigoule ou encore poivrade, est un artichaut cultivé comme annuel. Il offre un grand nombre de petites têtes coniques récoltées avant maturité dès l’automne quand elles sont encore peu formées.

Parmi les hybrides de ce type, l’artichaut Opéra en reprend les caractéristiques, offrant de jolies têtes pourpres.

Ravageurs et maladies de l’artichaut

Les champignons

Comme de nombreuses Astéracées, l’artichaut se montre particulièrement sensible à la pourriture du collet dans les terrains argileux et quand l’hiver est rigoureux. Cette sensibilité est exacerbée en sol mal drainé, il est donc important d’installer l’artichaut sur butte si le sol n’est pas optimal ou de l’alléger avec du sable au moment de la plantation.

Outre la pourriture, l’artichaut redoute également le mildiou des composées, que l’on appelle également « meunier », une maladie favorisée par des conditions climatiques douces et humides (crachin, pluies chaudes répétées).

L’ennemi à abattre : le puceron

Pas moins de 5 espèces différentes de pucerons se régalent des feuilles, des tiges mais aussi des boutons floraux de l’artichaut qui présente alors un aspect bien peu appétissant. Une surveillance renforcée est donc de mise pour enrayer la prolifération de l’insecte le plus tôt possible. Parmi les moyens de lutte, on peut classiquement pulvériser en prévention des purins d’absinthe ou de fougère ; en curatif, une pulvérisation au savon noir(1 cuillère à café pour un litre d’eau de pluie).

Une grande diversité végétale alentour est importante car elle offre gîte et couverts aux prédateurs naturels des pucerons (syrphes, coccinelles), limitant de ce fait naturellement leur prolifération.

5 commentaires

  1. L’artichaut craint le froid, c’est vrai, l’hiver 85 tous ceux du secteur ont gelé, en particulier mon petit artichaut violet rustique, venant des Deux Sèvres, et que je n’ai pas retrouvé. Je suis d’ailleurs le seul dans mon secteur à avoir replanté des artichauts.
    Mais il craint aussi beaucoup l’humidité en hiver : il faut bien le protéger, mais veiller à ce qui’l ne soit pas trop confiné (c’est à la mode !) et que l’humidité puisse s’évacuer.
    Tant pis pour les gourmands, je laisse toujours une ou deux têtes arriver à cette spectaculaire floraison.

  2. quel variété d’artichaut cultivez vous SVP en région paloise, et quels sont vos préférences en la matière?
    Quel artichaut doit on cultiver pour faire des fonds (frais ou conserve)?
    Merci

    1. Bonjour Didier,

      Je me suis permis de déplacer votre commentaire. Je cultive pour ma part l’artichaut de Macau, une variété régionale puisque originaire de la région Bordelaise. La douceur hivernale du climat palois ou du piémont pyrénéen lui va bien. Néanmoins, d’autres variétés sont cultivées localement par les maraîchers: le classique gros vert de Laon ou des variétés plus originales à têtes violettes comme violet de Provence. De là à vous dire quelle est la meilleure variété pour consommer en frais ou en conserve, je vous avoue que je ne cuisine l’artichaut qu’en frais…donc difficile de me prononcer là-dessus !

      1. Bonjour a tous je vous apporte un rectificatif concernant l artichaut de Macau.Cette cité ce trouve a environ 20 kms de Bordeaux au nord sur la Garonne avec un terrain propice à la culture de l artichaut malheureusement il ne reste plus beaucoup de producteurs le dernier que je connaisse a laissé sa place a son fils.
        Merci a tous pour vos commentaires

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