Arbres fruitiers à noyaux

Et si cela ne servait à rien de lutter contre la cloque ?

Un printemps pluvieux est propice au développement de maladies sur les arbres fruitiers. Parce que les parasites raffolent d’une humidité continue et de températures fraîches, voire franchement froides ! Particulièrement la cloque du pêcher, le problème majeur de cet arbre.

Les pêchers ont besoin de chaleur !

Originaire de Chine et ramené en Europe par les Grecs à l’époque d’Alexandre le Grand (IV ème siècle avant JC), le pêcher est un fruitier qui a un besoin viscéral de chaleur. Du temps de François 1er ( XVIe), on en cultivait déjà 40 variétés en France et les sélections menées depuis la Renaissance par les générations de pépiniéristes passionnés ont permis de l’acclimater à notre pays et de porter le nombre de variétés cultivées aujourd’hui à plus de 300 pour le seul hexagone.

Mais l’offre pléthorique proposée par les pépiniéristes ou les jardineries ne doit pas nous faire oublier pour autant que les origines de cet arbre et le besoin de chaleur restent ancrés dans son patrimoine génétique.

J’avais ainsi reçu en cadeau il y a quelques années (3/4 ans), un jeune pêcher de vigne, issu du semis d’un noyau. La pêche de vigne, une variété de pêche résistante, présente une chair juteuse et sanguine. Je ‘l’avais installé sans tarder, sans réellement me préoccuper des conditions de culture (sol, exposition..) que je lui offrais, dans un coin de mon verger en espérant le voir grandir.

Apparition de la cloque du pêcher

Mais dès le premier printemps, la cloque fit son apparition. De grosses boursouflures rougeâtres se développèrent sur la quasi-totalité du feuillage qui tomba prématurément avant qu’une seconde génération de feuilles ne vienne provisoirement faire oublier le mal.

Juste…oublier parce que la maladie refit ainsi son apparition à chaque printemps, malgré les traitements préventifs de bouillie bordelaise effectués à la chute des feuilles en automne, la pose de filets de coquilles d’œufs sensés réduire les attaques et même l’incinération des rameaux les plus atteints dès que le mal se déclarait.

Au bout d’un moment, il me semblait vain de lutter. Il était clair que jamais cet arbre ne pourrait porter de fruits ! Pire, il s’affaiblissait progressivement et je le savais condamné. Je ne pouvais pas me résoudre à le voir mourir…

Offrir des conditions de culture adaptées

C’est à l’automne 2012 que son histoire a pris une tournure différente. J’ai décidé de déterrer la motte, de le tailler et d’installer ce pêcher dans un grand pot. (préparation d’un mélange maison à parts égales de sable jaune/cailloux type gravier à béton et terre argileuse de mon jardin). Et la surprise fut de taille, au-delà de mes espérances.

Abrité des vents froids hivernaux et de la pluie contre un mur exposé au Sud, le feuillage développé dès le début du mois de mars est sain et l’arbre se couvre d’une dizaine de fleurs. Rapidement, elles évoluent même en petites pêches qui grossissent de semaines en semaines. Le changement est radical ! Sans aucun traitement ou quoi que ce soit d’autre, la cloque a disparu ! L’entretien se limite à quelques arrosages réguliers.

Traiter à tout prix, est-ce une solution efficace ?

Alors voilà qui, finalement, me fait m’interroger sur l’efficacité des traitements, sur la lutte contre les parasites…Ne pensez-vous pas qu’il est peut-être parfois vain de lutter … ? Et s’il suffisait simplement d’offrir au pêcher les conditions optimales à son épanouissement plutôt que d’essayer de le cultiver coûte que coûte et souvent contre-nature, sous un climat, dans une terre, sous une exposition… qui ne lui conviennent pas ?

19 commentaires

  1. Bonjour, mon pêcher de vigne doit avoir au moins 7 ans, tous les ans la cloque du pêcher s’installe en avril ou mai, la pire c’est 2023…printemps humide et frais. Depuis 7 ans, je traite, rien ! je plante du cuivre, j’ ai planté de l’ail au pied, j’ai posé des coquilles d’oeufs ! rien ! maxi 2 pêches par an et encore, une tombe et l’autre est peu comestible ni juteuse… aucun miracle ! ici en Moselle à 30 km de Sarreguemines ! par contre à 5 mètres deux amandiers magnifiques dont l’un peut donner 130 amandes, le second une dizaine en moyenne, bizarre la nature ! l’ abricotier, 9 ans donne très peu sauf en 2015 ! bref ce n’est pas la Provence !

  2. Bonjour,

    Nous avons acheté notre maison il y a maintenant plus de 3 ans et il y avait déjà un grand pêcher dans le jardin (nous habitons Brest, beaucoup d’humidité et pas beaucoup de chaleur…)

    Il est maintenant trop haut et nous allons le tailler correctement à la fin de cet hiver. Jusqu’ici nous avons juste coupé quelques branches qui nous gênaient ou qui étaient mortes. Il est en tout cas beaucoup trop grand pour le déplacer ou le mettre en pot.

    Il a eu la cloque tous les ans ; l’été 2018 nous avons eu quelques pêches mûres en septembre, en 2019 tellement de pêches que je ne savais plus quoi en faire et l’été dernier à nouveau très peu de pêches.

    Il a beaucoup poussé et fait de nouvelles branches et semble bien se porter malgré la maladie.
    J’essaierai le Megagreen cette année pour voir ce que ça donne.

  3. Un peu d’histoire ….
    La commune de Montreuil, qui faisait partie de la grande couronne maraîchère de Paris était renommée pour ses productions, en particulier pour ses pêches.
    Les pêchers étaient conduits le long de murs enduits au plâtre, et palissés selon une technique dite « à la loque ». Cela consistait au plaquer sur les murs les rameaux avec des morceaux d’étoffe (loques !), eux mêmes fixés par de gros clous enfoncés dans le plâtre.
    Evidemment, la blancheur des murs enduits de plâtre, ainsi qu’une bonne exposition concouraient à l’obtention de fruits de qualité.
    Mais si ça vous intéresse : montreuil.fr/environnement/les-murs-a-peches

    1. Bonjour,

      Oui, c’était le temps où la production et la consommation étaient locales; les maraîchers de la couronne parisienne nourrissaient la capitale. Aujourd’hui, on préfère faire venir les pêches d’Espagne à coup de camions-frigo…
      Ce type de palissage a été inventé par JB de la Quintinie, me semble t-il. Pour les curieux, il faut aussi aller voir le potager du roi à Versailles qui comporte de beaux exemples de culture en espalier et contre-espaliers. D’autant plus que ce patrimoine est en danger…

  4. enfin un jardinier tout simple, logique et efficace qui ne se revendique pas « BIO » merci pour cette bouffée de bonheur !!!

  5. Bravo pour vos conseils pleins de bon sens , je suis tt à fait d’accord avec vous

    je ne sais plus qui a dit :  » le bon sens est la chose du monde la mieux partagée  » et bien apparemment non , quand je pense à tous ceux qui s’obstinent à faire pousser des palmiers dans le nord ou des potagers à l’ombre , ou des pêchers en Normandie !

  6. On plante les arbres fruitiers dans un lieu bien ensoleillé et si possible à l’abri du vent. Comment font les professionnels pour produire des milliers de tonnes par an ?? à l’abri derrière un balcon ou mur ??
    La cloque est dû à un champignon et à ses spores qui se développe sur des feuilles humide (comme le mildiou pour les tomates). La parade consiste donc à empêcher aux spores d’agir en modifiant son milieu favori. On utilise donc la bouillie Bordelaise ou du purin de prêle ( plus efficace que la bouillie). En cas de désespoir, on utilise une solution très diluée d’eau de javel (25ml/1l d’eau), seul liquide ayant une action sur les spores.

    1. Bonsoir Henry,

      Justement, c’est ce qu’il est reproché aux professionnels ! Produire des tonnes de fruits lisses et parfaits, au calibre régulier, à grands coups de traitements. Et souvent sans goût ! Une pomme, par exemple, subit 15 traitements avant d’arriver dans notre bouche. N’est-ce pas une aberration ?

      En 1 er lieu donc, choisir des variétés adaptées et éprouvées au climat local. De deux, réduire les traitements au strict minimum en privilégiant les solutions « bio »: purins, décoctions, lait dilué…La bouillie bordelaise (bien qu’efficace, c’est indéniable) pollue les sols.

  7. Bonjour et merci de votre article sur la cloque du pêcher (je suis arrivée par hasard sur votre site particulièrement intéressant!). Dans notre petite cour intérieur, très ensoleillée du mois d’avril à fin septembre, un pêcher de vigne a fait une apparition inattendue (en 2010): il y a une grande vigne qui a été installée – il y a une cinquantaine d’années – contre un mur orienté sud-ouest et elle forme une treille à environ 5 ou 6 mètres, au-dessus de la fenêtre de la cuisine. Le petit pêcher s’est installé juste au pied de cette vigne et je n’ai pas eu le cœur de le déloger… Mais il est attaqué chaque année par la cloque. Pensez-vous qu’en essayant de changer le mélange de terre en surface, cela pourrait l’aider? Il nous donne des fruits qui mûrissent très tard (mi-octobre), qui restent un peu croquants, mais délicieux… Avez-vous une idée comment je pourrais le traiter? Merci d’avance de vos suggestions… fm

    1. Bonjour Florianne,

      Merci pour votre message. Je ne pense pas que changer le mélange de terre soit une solution. Come je l’ai écrit dans le billet, je pense tout simplement que votre pêcher n’est pas à sa place, là. Il s’agit probablement d’une variété peu adaptée à votre région mais qui a toutefois saisi l’opportunité offerte pour s’installer dans votre cour. Les traitements ne donneront pas grand chose. Je ne vois que deux solutions: vous résoudre à le déplacer vers un emplacement encore plus ensoleillé et abrité ( pourquoi pas en bac que l’on pourra facilement hiverner ?) ou alors essayer de le protéger des pluies et froids de l’hiver (responsables de la cloque) en le couvrant d’un voile d’hivernage « large » prenant appui sur le mur et créant un micro-climat. Vous pourrez le découvrir lorsque les premières feuilles auront commencé à se développer. Le stade critique de l’apparition de la cloque sera passé.

  8. PS
    Le produit Megagreen est fabriqué avec des algues de la mer que l’on propulse . Cette poudre devient aussi fine que la farine voir plus. C’est un produit naturel .

  9. Pour combattre la cloque j’utilise du Megagreen, cela fonctionne très bien . Mon expérience, j’ai laissé s’installée la maladie jusqu’à la fameuse cloque . J’ai traité avec le produit et quelques jour après j’ai remarqué que la partie cloquée aller changer de couleur( elle virait au brun ) de ce fait elle était anéantie. Mais il faut garder en tête qu’elle pourrait faire son retour quelques mois après et pour cela j’ai fait encore deux traitements qui couvraient la deuxième période critique pour cette maladie.

  10. « Et s’il suffisait simplement d’offrir à l’être humain les conditions optimales à son épanouissement plutôt que d’essayer de le dominer coûte que coûte et souvent contre-développement c’est-à-dire ….dans un environnement trop rigide, un territoire exposé aux agressions, sous l’autorité d’une personne non exemplaire… autrement dit, tout ce qui ne lui conviennent pas ? »

    Merci pour votre inspiration à révéler votre pensée concernant la culture agro alimentaire. Pensée qui est totalement possible de transposer dans la culture du management.

    Bonne continuation,

    David

  11. C’est ce qui rend le jardinage aussi passionnant, en tout cas le jardinage naturel qui nous « oblige » à mettre le bien être des plantes au centre de nos pratiques. J’ai eu exactement le même problème avec 2 pêchers de vigne et votre témoignage m’aide à réfléchir pour améliorer encore mes pratiques…
    Bon jardinage

    1. bjr,

      pour la cloque du pecher, le probleme ,c est que cela affecte la fructification; une amie tres versee ds le naturel m a donne cette astuce qui marche, a condition de la renouveller; mettre des coquilles d oeuf ds un filet et l accrocher ds l arbre; au bout de qq jours la cloque disparait,a f

      1. Bonjour,

        Et merci pour votre commentaire. Pour ma part, j’ai essayé l’astuce des coquilles d’oeufs sur mon pêcher…sans succès. Voilà pourquoi j’ai préféré plutôt lui offrir de meilleures conditions de culture.

      2. Bonjour,
        Je rejoins jardipartage dans ses conclusions ! J’avais planté dans un jardin 1 abricotier, 1 pêcher greffé et un peches de vigne issu de noyau.
        Dès la première année tous ont pris la cloque malgré le traitement de BB à la plantation.
        Au bout d’1 an ou ça n’a fait qu’empirer, j’ai suspendu des filets de coquilles d’oeufs, et vaporisé le feuillage à la prêle sans plus de résultat. En 2 ans tous les arbres ont péri. C’est alors que j’ai observé la terre dans laquelle je les avais planté : elle était humide et compacte.
        J’ai compris alors l’erreur que j’avais faite : ces arbres aux racines gorgées d’eau n’avaient aucune chance de bien se porter !
        La preuve cette année où j’ai un autre jardin : 4 pêchers de vigne de 1 ans et demi, tous issus de noyau ont été plantés au déménagement un peu n’importe où car je ne connaissais pas l’état de la terre .
        Ce printemps , 3 des pêchers sont beaux et sains, ils sont dans une terre bien drainée. Le dernier est plus petit et a la cloque : il est entre des racines de souche dans une terre très compactée.
        Tous sont accompagnés d’ail au pied.

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