Plantes aromatiques et médicinales

Le laurier noble, concentré d’Histoire et de bienfaits !

Bien peu d’arbres ou d’arbustes sont aussi intimement liés à la vie de l’Homme que ne l’est le laurier noble (Laurus nobilis). Tour à tour emblème d’amour aveugle, de paix (comme l’olivier) puis de triomphe, celui que l’on surnomme le laurier commun, laurier sauce ou encore laurier d’Apollon est présent dans un grand nombre de symboles ou d’institutions. Cette plante aromatique est aussi utilisée en cuisine depuis très longtemps.

Persistant, précieux toute l’année

Originaire de l’ensemble des rivages méditerranéens, le laurier noble  apprécie les régions de climat doux. De croissance lente, il y forme un arbre à la silhouette pyramidale pouvant atteindre une dizaine de mètres de haut.

Ses feuilles persistantes, alternes, ovales, pointues des deux côtés, sont très aromatiques du fait de la présence de glandes sécrétrices d’essences. Elles prennent une coloration vert foncé vernissée sur le dessus, d’un vert plus mat, presque gris, sur le revers. Leur bord lisse s’ondule joliment.

Le laurier noble est un arbuste dioïque : ses fleurs mâles et femelles s’épanouissent sur des pieds distincts. Seules les minuscules fleurs jaune pâle des sujets femelles, groupées par 4 ou 6 en ombelles, s’effacent en été au profit de baies vertes affichant une belle robe noire et luisante lorsqu’elles parviennent à maturité, au début de l’automne (octobre-novembre)

D’autres lauriers

Si d’autres arbustes portent le nom de laurier, comme le laurier-cerise (Prunus laurocerasus), le laurier du Portugal (Prunus lusitanicum), le laurier-tin (Viburnum tinus) ou encore le laurier-rose (Nerium oleander), c’est surtout parce que par bien des aspects, leurs feuilles, leurs fruits ou leur silhouette les rapprochent du laurier-sauce. En réalité, ces arbustes ne figurent pas, sur le plan botanique, dans le genre Laurus. Attention, ils sont même dangereux ! Toutes les parties du laurier-rose sont en effet toxiques alors que les petites baies produites par les Prunus contiennent des substances cyanogènes.

Comment le cultiver ?

Moyennement rustique (-10 à -12°C), le laurier-sauce réclame un climat doux. Il s’accommode de tous types de sols, pourvu qu’ils soient bien drainés.

Côté exposition, ce bel arbuste méditerranéen est plus exigeant : il redoute les températures glaciales et, à l’opposé, supporte difficilement les épisodes caniculaires. Il craint également le vent. Réservez-lui un emplacement privilégié, où il pourra profiter de larges bains de soleil le matin puis de fraîcheur l’après-midi. En climat très froid, il vaut mieux le cultiver en pot. Le laurier-sauce s’y plait parfaitement.

laurier sauce bouture
Les fleurs jaunes du laurier d’Apollon apparaissent en mars. © Jardipartage, jardin privé 64

Culture en pot

En pot, le laurier noble pousse si lentement qu’il peut rester dans le même contenant 3 ou 4 ans consécutifs sans besoin d’un rempotage. Dans ces conditions, l’arbuste est cependant plus sensible au dessèchement. Arrosez-le très régulièrement, tous les jours en période de forte chaleur estivale.

Quand récolter ses feuilles et ses baies ?

Les feuilles se cueillent à longueur d’année mais, à l’image d’autres aromatiques, les huiles essentielles qu’elles renferment sont plus concentrées au cours de l’été.  Mettez-les à sécher à plat à l’abri de la lumière. Entreposées dans un bocal hermétique, vous pourrez les utiliser plus d’un an après.

Cueillez les petites baies à l’automne, quand elles sont parfaitement mûres et de couleur noire. Leur pulpe est riche en corps gras. On les utilise pour produire un « beurre » qui soulage les douleurs articulaires.

Maladie du laurier sauce

Vers la fin de l’été, les feuilles du laurier sauce se déforment, s’enroulent sur leurs bords et présentent des cloques rouges. Elles perdent également progressivement leur couleur verte et sèchent, sans pour autant tomber. Cette maladie est l’œuvre d’un petit insecte : le psylle du laurier-sauce. Il pique les feuilles et les vide de leurs tissus. Sa salive étant toxique, les feuilles se déforment.

Sans mettre en péril la vie de l’arbuste, cette maladie peut incommoder, surtout lorsque les colonies sont importantes. L’arbuste fait alors grise mine, ses feuilles deviennent collantes et se couvrent d’une pellicule noire : la fumagine.

Pour limiter les populations, traquez les feuilles enroulées, en particulier en hiver, car les larves de ce ravageur y trouvent refuge pou passer la mauvaise saison. Vous pouvez également pulvériser un insecticide bio à base d’huile de colza si l’attaque est vraiment importante.

Aux origines du laurier

L’histoire du laurier est riche d’épisodes. La mythologie grecque raconte l’Amour impossible entre Apollon et Daphné, fille du Dieu fleuve Pénée. Poursuivie sans relâche à travers montagnes et forêts par son prétendant, Daphné, à bout de souffle, supplie son père de la changer en laurier afin d’échapper à la fougue d’Apollon. Une fois sa dulcinée transformée, Apollon n’a d’autre choix que de se résigner. Il en cueille une branche pour orner sa lyre et décide de faire de ce laurier son arbre sacré. Depuis lors, si le feuillage du laurier d’Apollon demeure vert et brillant toute l’année, c’est, dit-on, pour honorer la mémoire de la jeune nymphe contrainte de passer le reste de sa vie sous les traits de l’arbuste !

Le laurier-sauce devient par la suite symbole de triomphe. On en tresse des couronnes pour honorer les vainqueurs aux jeux olympiques, les « lauréats ». L’étymologie du mot est donc en prise directe avec le nom du genre Laureus.

Comment bouturer le laurier-sauce ?

Semis spontané

Le laurier-sauce se ressème spontanément. Il est donc facile de prélever à ses abords de jeunes plants enracinés pour les repiquer ailleurs au jardin ou en pot. Cependant, les jeunes pousses à racines nues supportent mal d’être arrachées de leur milieu d’origine pour être repiquées ailleurs.

Bouturage

Le bouturage du laurier-sauce offre une alternative intéressante mais exige chaleur et humidité. Début août, prélevez des morceaux de tiges semi-aoûtés. Supprimez toutes les feuilles de la base ; gardez seulement les deux plus hautes. Repiquez plusieurs boutures préparées de cette manière en périphérie d’un pot en terre cuite rempli d’un mélange de bon terreau et de sable. Humidifiez et placez à l’abri du soleil direct, au pied d’un mur orienté au Nord par exemple. A l’approche de la mauvaise saison, déplacez les boutures à l’abri du froid, dans une serre froide ou une véranda pour éviter un coup de gel. (-10°C). La plantation définitive peut avoir lieu au cours du printemps suivant.

Marcottage

Le marcottage des tiges les plus basses à l’automne ou au printemps donne également de bons résultats.

Bienfaits

Le laurier noble agit contre les troubles digestifs : il facilite la digestion et réduit la production de gaz intestinaux. En application externe, l’huile essentielle diluée de Laurus nobilis est antimicrobienne, antivirale et antalgique.

 

4 commentaires

  1. Bonjour, je réside vers Barcelona et j’ai deux lauriers, je ne connais pas la variété. Un des deux est plein de baies vertes claires de 5 mm de diamètre, par contre elle ne noircissent pas en automne. Peuvent-elles servir de toutes les façons? En vous remerciant.

  2. Nous avons un laurier noble dans notre jardin, juste devant le grand portail à l’abris des vents et plain sud avec beaucoup de soleil presque toute l’année,…il est devenu enorme, plus de 10m de haut…ça nous fait de la peine de devoir l’elaguer un peu, mais c’est nécessaire…. nous utilisons volontiers les feuilles en cuisine, pour faire des infusio sur et aussi pour parfumer la maison en hiver en brillant quelques feuilles…

  3. Le laurier noble . Je possède trois specimens à côté de Meaux 77 nord, j’en suis très fière, les abeilles et bourdons butinnent, les moineaux se chamaillent le soir pour trouver une petite place pour la nuit , les merles aiment bien y faire leur nid . Pour la cuisine. Etc, etc . On.devrait faire des haies avec cet arbre !!!. Pour ma part, ce n’est pas un arbre fragile , ici il supporte plus mal la sécheresse que le froid

    1. Bonjour,

      Merci pour votre témoignage qui montre qu’on peut cultiver sans crainte ce bel arbuste qu’est le laurier sauce au nord de la Loire 🙂 Il craint en effet davantage l’humidité du sol en hiver que le froid réel de l’air !

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